SOUTIEN À L’EMPLOI

A la fin des années 70, le « soutien à l’emploi » (supported employment) se développe pour aider les personnes souffrant d’une déficience intellectuelle ou d’un handicap physique à intégrer le milieu du travail. Suivant cette nouvelle approche, il est possible pour une personne handicapée d’obtenir rapidement et de conserver un emploi en milieu ordinaire si on lui offre une aide individualisée et continue. Le soutien à l’emploi délaisse donc le paradigme « former puis placer » (train-place) au profit de son opposé, « placer puis former » (place-train).

Reconnu dans la législation américaine, le soutien à l’emploi y est défini comme incluant les caractéristiques suivantes : les personnes sont payées – de préférence au salaire habituel – pour le type de travail effectué ; elles occupent un emploi régulier, en contact quotidien avec des employés non handicapés, et reçoivent un soutien continu après leur embauche.

Ce désir de favoriser l’entrée sur le marché du travail ordinaire des personnes atteintes de troubles mentaux graves, allié au mouvement de Soutien à l’Emploi (SE) dans le domaine des handicaps physiques et du développement, suscite l’émergence indépendante de plusieurs programmes destinés aux personnes atteintes de troubles psychiques sévères au cours des années 80.

LE MODÈLE IPS

En plus de celles énumérées plus haut, ces programmes partagent en général les caractéristiques suivantes : minimisation du temps passé à évaluer et préparer les personnes, implication dans l’identification d’emplois potentiels, soutien dans l’obtention des emplois et recherche d’emplois durables. C’est dans ce contexte que se définit au cours des années 90, un modèle précis et standardisé de SE pour les personnes atteintes de troubles psychiques sévères : « Individual Placement and Support » (placement et soutien individuels), ou IPS, théorisé par la travailleuse sociale Deborah Becker et le docteur Robert Drake en 1993 et 1998.

Depuis, cette méthode d’accompagnement en emploi a été conceptualisée, modélisée, évaluée au travers d’études comparatives qui lui ont reconnu une véritable efficacité : plus de 60% de personnes prises en charge trouvent un emploi en milieu ordinaire comparativement à d’autres méthodes. En Europe, le taux moyen d’emploi avec la méthode IPS est de 47%. Dans l’équipe Working First, le taux de retour en emploi est de 56% en 2018.

LES 9 PRINCIPES IPS

LE RÉTABLISSEMENT

Dans une logique d’exclusion zéro, notre équipe accompagne notamment des personnes orientées par des services hospitaliers, disposant parfois d’une RQTH (Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé). Nous accompagnons ces personnes dans leur processus de rétablissement, avec pour moyen principal l’accès et le maintien en emploi.

Le « rétablissement » est un concept anglo-saxon qui trouve son origine dans des mouvements d’usagers des années 1980 et 1990, qui prônaient la reprise du pouvoir d’agir (empowerment) et la défense des droits. Il désigne un cheminement personnel visant à se réapproprier sa vie et se réinsérer dans la société. Pour les soignants, ce modèle suppose un accompagnement sur le long terme, axé dès le départ vers l’autonomie de la personne.

Bill Anthony, l’un des cofondateurs du concept de rétablissement (1993) le décrit comme :
« Un processus foncièrement personnel et unique qui vise à changer ses attitudes, ses valeurs, ses sentiments, ses objectifs, ses aptitudes et ses rôles. C’est un moyen de vivre une vie satisfaisante, remplie d’espoir et productive malgré les limites résultant de la maladie. Le rétablissement va de pair avec la découverte d’un nouveau sens et d’un nouveau but à sa vie, à mesure qu’on réussit à surmonter les effets catastrophiques de la maladie. »